MANUEL GEA
L’industrie Pharma peut-t-elle résister à Google ?
La réponse est OUI si….
En effet, Google seul, même avec Calico, ne pourra remplacer ni l’industrie Pharma ou tout autre société cosmétique ou de santé si elles se mettent à penser « en dehors de la boite » et comprennent vite que les mécanismes du vivant « n’obéissent » pas aux algorithmes ultra-puissants de Google capables de décrypter les systèmes très compliqués mais pas complexes. Par ailleurs, il devient de plus en plus évident pour notre secteur que « big data » risque de rimer avec « big garbage » si ces dernières ne sont pas contextualisées et reliées à une compréhension fine de ce que l’on mesure et pourquoi. Contextualisées elles pourront devenir des « smart data » ce qui est mieux mais pas suffisant.
Donc, désolé monsieur Descartes, mais les mécanismes de la vie sont complexes, non-linéaire et intégratif et donc non-cartésiens. Cette confusion, entre compliqué et complexe est classique et est à l’origine de la majorité des échecs des programmes visant à modéliser le vivant.
Qu’est-ce qui est complexe par comparaison à ce qui est compliqué? a) Reproduire de zéro un A 380, ou b) construire un modèle prédictif qui dit à une mère comment faire manger à son jeune enfant un plat de spaghetti en sauce sans qu’il s’en mette plein la chemise? Réponse pages 2 et 3 : Présentation lors du colloque Centrale-Santé Essec Santé, du 4 mars 2014.
Je vous invite aussi à télécharger les présentations de ce colloque exceptionnel sur le site de Centrale-Santé (www.centrale-sante.net). Elles donnent les clés pour comprendre la situation actuelle de la recherche biomédicale et découvrir les pistes possibles.
N’oublions jamais que dans la ruée vers l’or, ce sont les vendeurs de « pioches », à savoir les vendeurs d’outils pour travailler, qui ont fait fortune et pas les chercheurs d’or.
Néanmoins des solutions existent, mais elles supposent une remise à plat de la pensée dominante actuelle et de penser en dehors de la boite. La puissance faramineuse des machines ne remplacera pas le génie humain et sa capacité à s’émerveiller et inventer.
Si l’on compare le problème à la création d’un bâtiment, il ne viendrait à l’idée de personne de commencer par faire appel aux meilleurs ingénieurs et outils du monde pour simuler la résistance des murs avant même d’avoir déterminé et décrit ce que l’on voulait construire et dans quel contexte. Ce rôle occupé par les architectes manque cruellement dans les sciences de la vie. Nous les appelons « des biologistes intégrateurs » qui pratiquent une approche heuristique intégrative.
C’est l’alliance entre Google et ces derniers qui devrait faire peur aux industriels de la santé et des cosmétiques.
Manuel GEA
Président de Centrale-Santé
Co-founder & CEO Bio-Modeling Systems
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