JEHAN-YVES DROUIN
Pourquoi nous avons choisi d’investir en France
Pour une entreprise internationale telle que la nôtre, dans un contexte de mondialisation et de crise financière, le choix de la localisation des investissements scientifiques et techniques revêt une importance stratégique croissante.
Face à la complexité de l’environnement scientifique, aucune entreprise ne peut, et à elle seule, maitriser les différentes techniques qui permettent d’aboutir à des innovations scientifiques majeures. C’est la raison pour laquelle de nombreuses sociétés pharmaceutiques développent des stratégies d’alliance avec des partenaires publics ou privés.
Pour nous, dirigeants d’une filiale d’entreprise étrangère, l’enjeu majeur est de convaincre nos maisons mères de choisir la France comme terre d’investissement privilégiée.
A cet égard, la France dispose de nombreux atouts comme le haut niveau scientifique de ses chercheurs, leur très fort potentiel d’innovation capable d’ouvrir des voies nouvelles, sans oublier les centres d’excellence disséminés sur le territoire, notamment dans le domaine la recherche clinique.
A titre d’exemple, BMS développe depuis quelques années une nouvelle approche du traitement de certains cancers, dont le mélanome métastatique, basée sur la stimulation du système immunitaire du patient. La collaboration avec des équipes françaises spécialisée dans cette pathologie est un réel élément de succès. D’autres développements sont en cours, notamment en association avec une entreprise de biotechnologies de la région de Marseille (Innate Pharma) qui s’inscrivent dans la stratégie de partenariat que nous avons initiée il y a maintenant 5 ans et qui est plus connue sous le nom de « stratégie du collier de perles ».
Le Crédit Impôt Recherche d’une part et la tenue d’évènements comme le Comité Stratégique des Industries de Santé et le « R&D dating » d’autre part, soulignent l’intérêt des pouvoirs publics sur la place de l’innovation thérapeutique en France. Dans ce contexte et forte de ces atouts, la France garde donc une position attractive même si les décisions d’investissement sont désormais mondialisées. Aussi est il très important dans un environnement difficile tant pour les pouvoirs publics que pour les acteurs industriels, de préserver une des forces de notre pays qu’est la politique contractuelle qui permet d’assurer un degré suffisant de prédictibilité à nos maisons mères. C’est une évidence, dans le domaine des sciences de la vie comme dans de nombreux autres domaines, car l’investissement industriel s’accommode assez mal de l’incertitude et le développement d’un nouveau médicament est une activité de long terme qui nécessite prévisibilité et souplesse des politiques publiques.
Dans cette logique, certains pays comme le Japon ont décidé de considérer les industries de santé comme stratégiques pour leur avenir. Cette décision s’est accompagnée de dispositions tangibles pour soutenir cette volonté, comme le développement d’une politique d’accès au marché favorable à l’innovation en dégageant des marges financières sur la gestion des produits hors brevet, en instituant un cadre lisible pour les prochaines années et en favorisant les actions concertées entre les pouvoirs publics et les entreprises du médicament. Cette dernière disposition permet, en outre, d’anticiper puis d’optimiser de façon concertée la prise en charge de pathologies pour lesquelles il existe un fort besoin médical non couvert.
C’est dans cet état d’esprit que nous souhaiterions qu’entreprises et autorités poursuivent le dialogue et consolident une relation de confiance.
Jehan-Yves Drouin
vice-président Market Access, Bristol Myers Squibb (BMS)